Remise du plant de café à l'équipage de Lazare © Jean-Marie Liot / Aléa
Édition 2023 26 octobre 2023 - 18h58

Un (plant de) café pour la route !

Il y a 300 ans, un autre marin prenait la Route du café : le capitaine Gabriel de Clieu. A bord de son navire, deux petits caféiers, direction La Martinique. Il ne le savait pas encore mais l’île allait devenir le berceau de la production de café. Signe du destin, l’un de ses descendants, Félix de Navacelle, co-skipper de Tanguy Le Turquais (LAZARE) s’apprête à faire la même traversée. Pour l’occasion, il s’est vu remettre un plant de café qu’il embarque, à son tour, pour Fort-de-France.

Il a déjà un surnom "Café-Fé" ("Fé" pour Félix). Bien vert et bien touffu, Tanguy Le Turquais et Félix de Navacelle embarque un troisième équipier jusqu’en Martinique : un plant de café. "On retrouve un peu l’aventure du capitaine de Clieu, sourit Félix issu de la même famille, 300 ans après, l’océan reste le même, j’espère qu’on n’aura pas les corsaires, mais on aura sûrement la pétole et un peu de vent." Tanguy, avec son humour habituel, prend l’affaire très au sérieux "Je me sens un peu investi d’une mission, plaisante-t-il, l’économie du café en Martinique dépend de nous !" 

 

Aux origines de la Route du café 

Revenons un peu en arrière… En 1723, le capitaine Gabriel-Mathieu d'Erchigny de Clieu, fin connaisseur des Antilles, en est persuadé. La Martinique est une terre propice à la culture du café. Il a entendu dire que deux plants avaient été offerts au Roi de France et sont secrètement gardés au Jardin des Plantes de Paris. Il réussit à les récupérer, par l’intermédiaire du médecin du Roi, et les embarque direction la Martinique. Une longue traversée, chaotique, qui verra un seul des deux arbustes survivre. A peine débarqué, il s’empresse de le replanter dans son jardin. Le premier caféier antillais est né ! 

 

La Martinique, terre de café

"Lors de la dernière édition, nous avons fait cette très belle découverte, raconte Nathalie Rolland, directrice de la communication de JDE France, la Martinique est le berceau historique de la production de café en Amérique. Il s’est ensuite propagé dans les Antilles françaises et en Amérique latine."

Il y a deux ans, c’est Stan Thuret qui emmenait avec lui un plant de café. En réitérant l’opération avec le duo Lazare, le symbole devient rituel à l’heure où la Martinique est en train de se réapproprier ce petit grain amer. "Lors de la dernière édition, en 2021, nous n’avions que 4 caféiculteurs, précise Sonia Hoche-Balustre, présidente du Parc Naturel Régional de Martinique, aujourd’hui nous en avons 22 pour relancer ce café d’exception : l’arabica typica."

Catherine Cotelle, descendante elle aussi de Gabriel de Clieu, était présente pour la remise. Elle y voit là, bien plus qu’une anecdote familiale, "Le capitaine a laissé de très bons souvenirs en Martinique. C’était un homme bon et généreux…  Comme Lazare."

Alors, pour marquer le coup, Catherine a glissé un petit vaporisateur, rose, aux couleurs de l’association, histoire que Café-Fé ne subissent pas le même sort que ses ancêtres, il y a trois siècles. Et pour porter chance aux skippers et au petit arbre, Freddy Jannin, colocataire de l’association Lazare, a tenu à partager ce poème de l’association. 

Y a cette petite crème, qui te brûle les lèvres. Ce petit café qui t’ouvre une petite journée.  Ce café-là, tu vois mon gars, c’est le dernier. Demain, tu vas à Lazare. Tu verras, c’est grand service, grand jeu, grand café. La cafetière qui crache le noir de la nuit, mais il y en a pour tout le monde. Y en a pour 6, y en a pour 8. Y a ce filtre qui laisse ta solitude dans le marc de café. Y a Jean-Claude qui te parlera de sa dernière maraude. Y a Dominique qui, à midi, préparera, m’a-t-il dit, des frites. Y a Papy qui va se promener cet après-midi. Y a Manu qui doit rentrer du CHU. Y a Régine qui te parlera tricot et bobine. Y a Bruno qui voudrait se fabriquer un canot. Y a Thierry qui rira, qui rit déjà, qui a ri. Ce café-là, tu verras, il a le même goût. Mais il n’a pas le même coût. C’est le café solidaire ! Le café d’avec ceux qu’ont connu la galère. Ce café-là, c’est le premier. Tu verras, ton coeur tout chaud, brûlant, fumant. Des cafés comme ça, t’en redemanderas. Allez, viens à Lazare. Il reste une tasse, une place pour toi. Lazare, du café, des amis, what else ?
Écrit par Pierre, membre de l’association Lazare
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