Départ des Class40 lors de l'édition 2023
26 octobre 2024 - 09h00

J-365 : le cru 2025 se prépare déjà !

Dans un an, jour pour jour, la Route du café s’élancera pour sa 17è édition et le nom des premiers participants a déjà filtré ! Entre les vieux couples qui ne peuvent plus se passer de l’odeur de café et les petits nouveaux attirés par son fumé, le cru 2025 s’annonce savoureux.

On connaît le pouvoir envoûtant du Rocher du diamant, il se confirme ! La Martinique accueillera une nouvelle fois l’arrivée de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre qui partira le 26 octobre prochain du port normand.

Basile Bourgnon et Emmanuel Le Roch
Basile Bourgnon et Emmanuel Le Roch (crédit Team Edenred)

Une montée en gamme chez Edenred

Jamais deux sans trois ! C’est aussi l’adage que le duo en rouge et blanc, Emmanuel Le Roch et Basile Bourgnon ont adopté. Après 2019 et 2023 (où ils ont terminé 10è à bord de leur Class40 Edenred), les deux compères hisseront de nouveau les voiles, en Ocean Fifty cette fois. 

"Les bateaux sont canons, ils nous font davantage rêver que les IMOCA, confie Emmanuel Le Roch. En plus, en Ocean Fifty, on est qu'une dizaine. Finalement, on s’y retrouve plus. Le niveau monte, ça se professionnalise. Quand on discute avec les copains qui naviguent, ils nous disent tous que les bateaux sont dingues, d’où le peu d’écart entre chaque concurrent à l’arrivée."

Pourtant, il a fallu montrer patte blanche pour entrer dans le cercle fermé des Ocean Fifty. La classe tient à son numerus clausus de 10 bateaux. Mais le duo a pu bénéficier de la "wild card" attribuée à Neo Sailing Technologies pour la construction d’un trimaran neuf. Le chantier est en cours et toute l’équipe a veillé à réduire son empreinte carbone.

"NST est spécialisé pour utiliser une fibre qui s'appelle l’Elium, recyclable à 100 %, explique Emmanuel. Ils ont déjà construit le Class40 Captain Alternance en utilisant cette résine. De notre côté, on ne peut pas tout construire en Elium, les contraintes sont plus importantes sur les trimarans. Par contre, on a fait des pièces moins structurelles."

Nouvelle monture, nouvelle aventure, mais pas forcément un saut dans l’inconnu, Emmanuel comme Basile sont rodés aux multicoques. 

"On a fait nos armes en multi. Si on a fait du monocoque, c’est parce que les bateaux étaient devenus hyper sympas et ressemblaient un peu à des multicoques sans en être. Là, on revient à nos premiers amours."

Une question se pose tout de même. Si Emmanuel répond volontiers aux questions, où est donc passé Basile ? "Il est en convoyage sur l’Ultim Sodebo. Il est en train de puiser des idées, des petits tips sur tous les gros bateaux" plaisante Emmanuel.

L’Océan Fifty Edenred devrait être mis à l’eau début mai, suivi d’une série d'entraînements pendant l’été avant de rejoindre son port d’attache à la Trinité-sur-Mer et de se préparer pour l’objectif phare de leur année : la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre.

Armel Trimpon et son nouvel Imoca (Crédit Jean-Louis Carli)
Armel Trimpon et son nouvel Imoca (Crédit Jean-Louis Carli)

Un IMOCA 2.0 pour Armel Tripon

À La Trinité-sur-Mer, justement, Emmanuel et Basile auront comme voisin de ponton le tout nouvel IMOCA Les P’tits Doudous.

Ce projet, si particulier, Armel Tripon le porte à bout de bras depuis plusieurs années. Dans une classe où on n’en finit plus de construire des bateaux de façon exponentielle, le skipper nantais a voulu changer de paradigme : gagner la course pour notre planète avant celle du large. Pour se faire, il a construit 70 % de son bateau à partir de carbone revalorisé de chez Airbus.

"On lance un bateau à partir des rebuts de l’industrie aéronautique, précise Armel. Les déchets des uns peuvent devenir les richesses des autres.” 

Armel Tripon et son nouvel Imoca (Crédit Jean-Louis Carli)
Armel Tripon et son nouvel Imoca (Crédit Jean-Louis Carli)

Ces déchets, ce sont des rouleaux de carbone en parfait état, mais jugés "périmés" par le n°1 français de l’aéronautique et qui cherchait à les réutiliser plutôt que les enfouir. Comme l’explique Armel "un yaourt périmé, vous le mangez même quelques jours après ? Ici, c’est pareil". En effet, les règles drastiques de l’aéronautique peuvent être adaptées pour la construction navale. De nombreux tests de solidité et de conformité ont été réalisés, avec succès !

Mais ce visionnaire ne s’est pas arrêté là. D’autres leviers lui ont permis de réduire son empreinte carbone au maximum : mutualisation du moule de son bateau avec celui du team Malizia, recyclage du titane médical collecté dans le milieu hospitalier pour les pièces d’accastillage, et revalorisation des bâches en plastique du chantier (qui représentent tout de même un terrain de football)

"Dans notre monde actuel et futur, il va falloir être plus inventif et draconien sur l’utilisation de nos ressources qui ne sont pas infinies."

Des valeurs que le navigateur partage avec la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, événement majeur de son calendrier, après la mise à l’eau de son bateau début 2025. "Organisateur comme coureur au large, on a ce devoir vis-à-vis du public qui vient nous voir et admirer nos bateaux. À nous aussi de montrer un autre visage et d’inspirer"

Si Armel cherche encore des sponsors pour boucler son budget, son nouvel IMOCA, portera toujours les couleurs de l’association Les P’tits Doudous.

Hervé Jean-Marie et Pierre-Yves Aglaé (crédit Vincent Curutchet)
Hervé Jean-Marie et Pierre-Yves Aglaé (crédit Vincent Curutchet)

Match retour pour Martinique Tchalian

Lors de la dernière édition, un duo s’est particulièrement distingué. Peut-être pas au classement, mais assurément dans le cœur des fans ! Hervé Jean-Marie et Pierre-Yves Aglaé, sur leur Class40 Martinique Tchalian, sont partis de presque rien et ont bouclé leur transatlantique sous les vivats de la foule, à Fort-de-France.

"C’était notre première course en Class40, mais aussi notre première transatlantique en bateau. Un cocktail unique de saveur, confie Hervé. Arriver à la maison après une aussi longue et éprouvante traversée, c’était un rêve d’enfant qui s’accomplissait. Maxime Sorel avait raison, il n’y a qu’une seule première fois et son goût est unique !"

Forcément, l’envie de repartir est là. Le binôme, natif de l’île aux fleurs, a tout de suite mis à profit son expérience. Il a remporté le Tour de Martinique en mars dernier avant de concourir pour la Québec-Saint-Malo en juillet.

"Nous avions un bateau mieux préparé, plus de milles de navigation au compteur et une meilleure gestion de la météo, explique Jean-Yves. À l’arrivée à Saint-Malo, le retard sur les premiers n’était que de 16 h !"

En vue de la prochaine Route du café, les Martiniquais sont en train d’acquérir un nouveau Class40. Ils espèrent pouvoir s’aligner tous les deux au départ, mais en qualité d’amateurs, il faut aussi jongler avec la vie professionnelle et personnelle. 

"On attend encore un peu, que le projet avance vis-à-vis des partenaires, pour dévoiler publiquement les prétendants, mais il y aura au moins l’un de nous deux au départ. Charge à nous de justifier une arrivée en 2025 digne de celle de 2023 voir mieux !" 

Gageons que les planètes s'alignent pour retrouver les deux marins sur la ligne de départ le 26 octobre prochain accompagnés des autres concurrents de la Class40 mais aussi des Ocean Fifty, des IMOCA et des Ultim. 

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