L’arrivée
Pierre : « C’était tonique, mais pas autant que le départ ! La fin était vraiment très très jolie. Cela fait plaisir. Les joies d’arriver au petit matin, c’est qu’il y a du vent. On a pu offrir un joli spectacle, et nous faire énormément plaisir. On vient de vivre une aventure incroyable avec Ronan sur ce trimaran. Quand on a coupé la ligne, on a poussé la barre, c’était fini, fin du game, des numéros à deux chiffres…
On eu un peu plus de temps que les copains pour savourer. On est restés une nuit de plus en mer, mais cela a eu ses avantages, cela nous a permis de plus apprécier le passage du Diamant.
J’avais déjà vécu une arrivée ici en 2021 et l’accueil est fou ici. J’ai hâte de profiter des saveurs de l’île de les faire découvrir à Ronan qui arrive pour la première fois en Martinique. »
Ronan : « C’est un moment d’émotions assez important, parce que tu fais la course, tu es dans le feu de l’action. Ça dure, dure … et le temps passe en un éclair. Quand tu vois la ligne, c’est un moment exceptionnel d’autant qu’on a fait une super entrée dans la baie sur une coque. »
Les premières impressions à l’issue de cette grande première
Pierre : « Ces bateaux sont des machines extraordinaires. Je ne sais pas combien de fois, on s’est émerveillé d’avancer à 25-30 nœuds sans forcer. C’était une découverte pour nous deux de traverser l’Atlantique à ces moyennes-là. Cela donne plein d’émotions, de beaux souvenirs.
On est content du parcours, d’être à l’arrivée sur le podium. On est dans les clous de ce qu’on avait envisagé. »
Ronan : « Ce n’est pas comme un monocoque où tu peux mettre le curseur très haut, tu peux pousser le bateau sans craindre, probablement, grand chose pour ta vie. Là, tu es obligé de choisir un juste milieu entre la manière qui te permet d’attaquer pour rester performant et la manière pour rester à l’endroit et maintenir le matériel en bon état. Ce n’est pas du tout pareil. J’ai fait une première transat en 2006, j’avais 23 ans. Et aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir refait une autre transat mais de redécouvrir quelques chose. Mais ces bateaux sont incroyables, à bord on se sent bien vivant ! »
Le stress
Pierre : « Oui, il y a de l’anxiété, il ne faut pas se le cacher. On a navigué pour la première fois dans des grains assez actifs à bord de ce bateau. On a une épée de Damoclès au-dessus de la tête. On savait qu’on n’avait pas le droit à l’erreur. Cette anxiété est présente tout le temps, cela fait du sommeil de moins bonne qualité, du stress. Mais cela fait partie du package. Le côté agréable est quand même exponentiel aussi ! »
Ronan : « Quand on est parti dans le golfe de Gascogne, on a pris nos précautions pour naviguer dans les conditions de vent fort. Mais quand tu navigues au portant dans les alizés sur ce type de bateau là, tu prends aussi des risques à chaque instant. Tu n’as jamais un moment de relâchement, c’est ça qui est le plus épuisant, autant psychiquement que physiquement, parce que tu es tout le temps qui le qui-vive. »
Les limites
Ronan : « On a entendu que nos copains avaient abandonné et cela aurait été une telle déception s’il nous était arrivé un truc pareil. D’avoir traversé l’Atlantique, d’être là, c’est génial.
Quand c’est arrivé pour les autres, on avait laissé le plus fort du golfe de Gascogne. Et là, pfuiii… tu réalises que cela ne tient pas à grand-chose. »
Pierre : « C’était chaud à bord. C’était dur. Je félicite vraiment les deux premiers. Ils ont su mettre le curseur au bon endroit, mais assez haut. Il ne faut pas croire qu’on était en croisière. On a vraiment poussé sur le bateau aussi, en fonction de ce qu’il était capable d’endurer. On définissait les limites dans l’instant, en fonction du niveau de fatigue, de l’état de la mer, de la densité du vent. On se parlait et c’est là que deux marins sont complémentaires. Quand on ressentait le bateau de la même façon, cela nous permettait de juger des ces limites assez facilement. »
Ronan : « Il ya des moment tu as l’impression qu’il n’a pas envie. Tu peux aller à 25-30 nœuds ; et à d’autre moment, à 22 nœuds, tu sens que le bateau ne veut pas y aller, qu’il galère. Et Pierre me disait : là ça fait mal au bateau. Tous les deux, on ressent assez bien les choses de la même manière. »
Le binôme
Pierre : « On avait dit qu’on ferait une belle transat si on finissait en restant bien copains. Et c’est une réussite. »
Ronan : « Sur ces bateaux tu ne peux pas faire n’importe quoi, il te rappelle. Au-delà de l’aspect technique, on part aussi à deux. Cette transat en double donne aussi l’occasion de connaître quelqu’un pour toujours. »