Il a fallu gérer un re-départ à Lorient, dans les mêmes conditions administratives, mais également un deuxième départ du Havre."Si on prend le départ des IMOCA, raconte Yann, la pêche à la coquille Saint Jacques avait repris donc il fallait réussir à avoir un dispositif qui permettaient aux différentes personnes qui travaillent sur la mer de poursuivre leur activité tout en adaptant nos zones restreintes." En Martinique, il a fallu gérer la logistique de placement des bateaux dans la baie de Fort-de-France. Un travail qui peut paraître chronophage sur cette édition, comme le reconnaît Yann, mais qui les passionne. Car la direction de course travaille aussi sur toute la conception du projet, en amont.
Comment on trace un parcours ?
La première chose, pour qu’une course ait lieu, il faut en dessiner le tracé. Cela se fait à partir du cahier des charges donné par l’organisateur comme l’explique Francis Le Goff, directeur de la course. "Avec la connaissance qu’on a des bateaux et de la météo dans la période où le départ sera donné, on essaie de tracer le meilleur parcours en adéquation avec l’ADN de la course. En l'occurrence, pour la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, on parle de la transat la plus exigeante, la plus longue, en double et pour quatre classes de bateaux. Elle a historiquement toujours fait une route plutôt nord - sud, qui passe par l’équateur, le Pot-au-noir et elle essaie de faire arriver les bateaux tous ensemble."
Les quatre parcours, qui ont été dessinés pour cette 16ème édition, sont le fruit d’un brainstorming général entre le directeur et ses adjoints. Ils se sont appuyés sur les performances des bateaux actuels et sur les modèles météo des 25 dernières années sur l’Atlantique. Un long travail de recherche et d’analyse pour offrir le meilleur plateau de jeu aux concurrents. Car c’est bien ce qui animent Francis, Yann et toute la bande : la diversité des courses. "Une Transat Jacques Vabre ne fait pas l’autre. Tu peux avoir les mêmes joueurs, ce sera toujours différent d’une course à l’autre."
"J’aime la complexité de ce métier"
Après avoir énuméré toutes les tâches, somme toute assez complexes, d’un directeur de course, on est en droit de se demander : mais pourquoi s’infliger ça ? Difficile pour Francis le Goff de trouver les mots justes. A l’écouter, ce métier semble inné, ancré en lui. "J’aime la complexité de ce métier", confie Francis. "Tu ne sais jamais du jour au lendemain, même de la minute à l’autre, ce qui va arriver. J’aime répondre à toutes les sollicitations diverses et variées qu’il y a autour d’une course et qui se présentent. C’est un métier où il est impossible de s’ennuyer." Et ce n’est pas Yann qui le contredira ! "Ce qui est passionnant c’est aussi la variabilité de l’exercice. Un démâtage en Class40, ça peut prendre 3 heures comme 1/4h. On peut avoir un skipper en stress, avec des déclenchements de secours qu’il faut tempérer, l’accompagner pour trouver les bonnes solutions car il est en panique. Et puis tu peux avoir le démâtage où on t’appelle 1/4h après en te disant "Ne t’inquiète pas, tout va bien, il fait route à tel endroit". Un même fait de mer peut être géré de manière complètement différente."
Et le moins qu’on puisse dire c’est que cette édition des 30 ans de la Transat Jacques Vabre Normandie le Havre aura eu son lot de surprises et de suspense jusqu’au Rocher du Diamant. Pari réussi pour la DC !