En attendant les alizés, Godot et les autres.
Mais quel départ et quelle semaine, tout s'est enchaîné depuis le report du dimanche 29 octobre.
D'abord cela a été un grand soulagement, j'ai du relire le message plusieurs fois "départ reporté pour les Imoca." J'ai appelé mes enfants, nous nous sommes pris dans les bras et serré très fort, une enclume, une montagne de stress venait rompre les digues de notre concentration et de notre adrénaline.
Merci à Francis et à toute ton équipe, pour votre intelligence, votre courage et votre maturité, vous avez certainement sauvé des bateaux et sans doute des marins.
S'en suivent 2 jours pour s'en remettre, dormir, manger, boire un verre de vin...C'est une récompense, un plaisir digne d'une pierre philosophale.
L'attente commence en vue d'un nouveau départ.
Je dors à bord du bateau la nuit du mercredi 1er au 2 novembre, 60 nœuds au port, je n'ose imaginer même le plus grand des marins en mer à ce moment-là.
Dans la même journée, nous apprenons que nous ne partirons pas avant lundi prochain inclus ! Top, cela me laisse 3 jours pour rentrer chez moi.
Retour à la maison, un peu de sport et route vers le Havre le dimanche soir.
Re-briefing météo et de nouveau se concentrer pour la course et c'est le départ le mardi matin, dès 4h sur les pontons.
Des conditions toniques nous attendent pour les premières 24h, puis cela se dégrade fortement pour la sortie de la Manche. Surtout rester marin, ne pas oublier l'objectif principal, toutes ces qualifications, pour le Vendée Globe, juste dans un an... Dans cette furie de temps, on se fraye un passage, pas le plus rapide, pas la meilleure route, mais cela passe (ne pas oublier...).
Au vue des mésaventures de certains, être de l'autre côté de Ouessant est un sésame.
Puis une longue descente vers et le long de l'Espagne, dans une recherche effrénée du bon passage vers les Antilles, soit une route directe, cassante, soit une route sud et ces fameux alizés... A bord, nous nous transformons en Vladimir et Estragon des océans, nous avons à peine mangé depuis 3 jours, nous portons les mêmes vêtements et nous attendons au milieu de nulle part, un énigmatique vent du nom de Godot-Alizés .
Ce début de course n'aura été en fait qu'une métaphore de notre programme dans un an, des conditions dantesques, des avaries, des bateaux devant, des bateaux derrière, des gros projets qui ont abandonné, des petits qui s'accrochent ...
Comme une ritournelle dans la tête, dans 366 jours prendre le départ du Vendée Globe, est l'objectif premier, au sens propre comme au figuré.
Il est notre moteur, notre cœur et notre sang, le fondement de notre tout, il est notre nous pour mon équipe, pour le bateau et pour moi-même.
Denis vw
Skipper heureux