Paprec Arkéa, deuxième à Fort-de-France
Yoann Richomme : « Honnêtement je pense pas qu’on ne pouvait pas la gagner. Il y avait trop de choses qu’on ne connaissait pas sur ces bateaux-là, moi le premier. Et Thomas et Morgan avaient un cran de connaissances au-dessus de nous. On revient avec un cahier plein de notes sur comment fonctionnent ces machines qui sont un peu …dingos.
En sortant des Canaries on y pensait un peu. Assez vite, on a vu qu’ils avaient un rythme assez élevé et en plus nous on avait une de nos voiles qui est un peu petite et on souffrait dès que ça tombait en dessous de 17 noeuds. Sans ces quelques mètres carrés-là c’était dur de se battre exactement à armes égales. On a quand même bien progressé malgré ça, réussi à utiliser le bateau avec ce petit déficit et ne pas baisser les bras, je suis bien content. C’est un peu l’accomplissement d’une belle histoire. Ça fait plus de deux ans qu’on a comme objectif de finir la Transat Jacques Vabre, entamer notre processus de qualification au Vendée Globe et donc beaucoup de fierté pour toute l’équipe d’avoir réussi cette mission."
Yann Eliès : « On a le sentiment d’avoir eu chaud aux fesses car c’est vrai qu’on est tombé dans la pétole à 1,5 milles de l’arrivée. On s’est dit, si on se la fait piquer cette deuxième place, ce serait les boules. Heureux dénouement et happy end ! En même temps, on s’est donné le bâton un peu tout seul il y a deux jours en les laissant partir dans leur coin. On a trop cru aux fichiers de vent et quand on s’est recalé, on était trop loin de For People. For The Planet revenait et on n’aurait pas démérité de se piquer cette deuxième place. Mais on y tenait et on a tout fait pour la garder ! »
Yann Eliès : « Sur le bateau ce sont des sensations de multicoques, dès que tu prends la main tu as l’impression que ça vole, que le bateau touche plus l’eau. J’ai trouvé très très très dur les premières 24h, au près ça allait encore, on le savait, mais derrière le front, quand il a fallu attaquer dans une mer de dingue, j’ai regardé Yoann et j’ai dit "j’aurais pas fait comme ça". Il a fallu tartiner très fort et j’en suis ressorti mâché, mâché moulu ! »
For The Planet, troisième à Fort-de-France
Sam Goodchild : « C’est un beau cadeau d’anniversaire. presqu’un hold up. Si on nous avait dit qu’on serait troisième au départ, on aurait signé d’avance. C’est une troisième place en équipe. Le collectif que nous avons monté avec Thomas montre la force de ça. On est une trentaine de personnes à plein temps et ça nous a permis de nous mettre à ce niveau pour jouer le podium et à For People de gagner »
Antoine Koch : « Tout s’est très bien passé. C’était un plaisir de partager cette course avec Sam. On est un peu abonnés aux places de troisième ce qui est bien car le plateau IMOCA n’a pas cessé de s’étoffer toute la saison avec beaucoup de nouveaux bateaux. On pensait que ce serait dur et le début de course l’a été mais petit à petit on a réussi à remonter doucement. On est ravis !
Je suis aussi très heureux que les deux bateaux dont j’ai participé à la conception soient aux deux premières places. Mais vous avez vu les équipages qui sont dessus ? Je crois que les bateaux n’ont pas fait ça tout seul. Ces magnifiques équipages ont su les exploiter à fond et déjouer les pièges de la course. »
Sam Goodchild : « C’était enrichissant . On appris plein de choses et on ne navigue pas à la fin comme au début. On a eu aussi deux ou trois petits pépins techniques qui nous ont challengés et que nous sommes parvenus à résoudre. Avec Antoine, c’était très intéressant de discuter et d’analyser, notamment la partie dans l’alizé depuis les Canaries Il a conçu deux bateaux autour de toutes les problématiques depuis deux ans et il a tout ça bien en tête »
Antoine Koch : « Relancer un projet à mon nom ? Ces courses en double ont l’avantage de bien remettre les choses à leur place. Là, on a eu des conditions météo très tranquilles sur le papier, avec une mer d’alizé relativement plate. Le vent oscillait entre 17 et 18 noeuds de vent. La façon dont ça se transpose à bord, c’est que c’est la guerre tout le temps. Le potentiel de vitesse des bateaux est tel qu’on marche au portant à 23 noeuds avec toute la toile dessus et un centre de voilure très haut. Donc le bateau a tendance à enfourner très vite, avec des arrêts buffet assez violents en bas de vague. Lorsqu’il y a une petite risée infime et que le vent monte à 20 noeuds, ça change complètement l’atmosphère à bord et ça devient la guerre. Alors en solitaire autour du monde, je ne sais pas bien comment ils font. Donc, ce n’est pas que je n’ai pas envie mais j’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui le font ça car c’est un exercice de haute voltige.