Jules Bonnier (Nestenn - Entrepreneurs pour la planète) : « Cela fait bizarre. Et même si on était prêt à partir, on accepte la décision de la direction de course. On est contents d’une certaine manière, dans la mesure où avec notre ancien bateau, on savait qu’on allait prendre de la distance dès le début. Là, ce sera peut-être moins le cas. Cela rabat beaucoup de cartes, notamment en termes d’avitaillement en nourriture et eau, mais cela va être très intéressant de débuter par une petite étape à 44 bateaux. On s’adapte et cela promet aussi une très belle deuxième étape. On va partir au près un peu débridé jusqu’à la pointe bretonne, avant de passer un front et de finir au portant vers Lorient. »
Robin Follin : « On part sur un autre mode. Il faut refaire un petit reset. Notre plan pour la dernière journée se trouve un peu perturbé, mais on aura quelques jours à Lorient pour re-préparer ce départ pour une transat. »
Anatole Facon (L’Envol - Kermarrec Promotion) : « Je m’étais dit que je m’adapterai. Mais les derniers fichiers étaient vraiment complexes. Et je pense que c’est le point fort des marins de savoir s’adapter. Dans ma tête, cela ne change pas grand chose. J’étais déjà focalisé sur le fait de partir d’ici avec l’objectif de parvenir le plus vite possible au sud du cap Finisterre. Cela met un coup de frein ; mais dans cette situation chaotique, ce n’est pas plus mal. On devait partir tout de suite sur un mode hauturier et cela va commencer par une régate côtière près des cailloux avec toujours autant de vent. On devrait mettre environ 36 heures pour rejoindre Lorient. »
Nicolas D’Estais (Café Joyeux) : « On ne s’attendait pas du tout à cette décision, avec Léo. C’est inédit dans l’histoire de la Transat Jacques Vabre. On est soulagés pour l’ensemble de la flotte des Class40. On avait peur que la course mette une partie de la flotte vraiment en danger. Cela change pas mal de choses, on pensait partir pour 20 jours et finalement on va d’abord s’élancer pour un sprint d’environ deux jours. La Route du café nous réserve des surprises ; le café de l’autre côté sera amplement mérité. »
Léo Debiesse : « cela ne change pas grand chose pour les 24 premières heures, il y aura du vent, de la mer. Mais sur le plan stratégique, il faudra mettre le clignotant assez tôt à gauche pour descendre vers Lorient. Le plus gros changement concerne la logistique et le mental. Vu les fichiers, on ne restera pas moins de quatre jours en escale pour éviter deux dépressions. Il n’y aura pas de départ avant le week-end prochain. »
Gildas Mahé (Amarris) : « Je trouve cette décision très futée, même si elle est aussi très compliquée en termes de logistique pour l’organisation. Je n’imaginais même pas ce scénario. Mais on va partir plus sereins, parce que là franchement, en termes météo, c’est quand même de pire en pire. La dépression de mercredi soir, au large du cap Finisterre, est à 955 hPa. À titre de comparaison, c’est la même intensité que l’ouragan qui avait dévasté la Bretagne en 1987, quand j’étais gamin. Avec pas loin de 80 nœuds dans le cœur du truc ; même si avec nos routages, on s’attendait à 50 nœuds, sur une mer énorme complètement déglinguée. On va changer notre fusil d’épaule. Il va falloir regarder la météo autrement, zoomer un peu plus. Mais la pointe Bretagne dans du vent très fort avec 105 de coefficient de marées, ce n’est jamais jamais facile. Il y aura quand même une période très compliquée à passer. »
Achille Nebout : « ça va être costaud, la Manche au mois de novembre, ce sera très technique. Mais cela ressemble à ce qu’on a fait plusieurs fois en Figaro. On est souvent passé dans ces coins-là. À priori, on va arriver vite à Lorient, avec des écarts relativement faibles. Il ne faudra pas prendre de risques inutiles. »
Amélie Grassi (La Boulangère Bio) : « J’ai le cerveau qui se libère, le ventre qui se dénoue. Avec Anne-Claire (Le Berre), on ne faisait pas partie des gens qui avaient peur, mais nous étions forcément. On savait que l’on allait partir dans du vent fort, mais cela restait maniable. Par contre, on s’inquiétait un peu pour la zone au niveau du cap Finisterre où on s’attendait à atteindre la limite de ce que nous pouvons faire avec nos bateaux. Nous nous sommes tous réveillés ce matin avec les nouveaux fichiers et nous avons vu que le vent s’était encore accentué. On parle de 45 nœuds fichiers, beaucoup de mer et un phénomène qui est surtout très instable. Nos bateaux ne sont clairement pas dimensionnés pour naviguer dans ces conditions-là. »