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Ocean Fifty
Édition 2023 18 novembre 2023 - 14h32

Solidaires en Peloton : Retour sur une victoire sans appel

Après une première Manche parfaitement maîtrisée, Solidaires en Peloton se présentait comme le bateau à battre au départ de Lorient le 6 novembre. Parti en tête, le tandem formé par Thibaut Vauchel-Camus et Quentin Vlamynck a toujours contrôlé sa course, tenant ses deux poursuivants à distance après le passage du premier front qui entrainait l’abandon de la moitié de la flotte.
Une course à trois où le tandem vainqueur n’a manqué ni d’adversité ni de panache. Abonné des podiums, Thibault Vauchel-Camus obtient la grande victoire qu’il attendait depuis son entrée dans la classe en 2018 et Quentin Vlamynck, passé à un cheveu de la Route du Rhum l’an dernier, confirme son talent en partageant la barre du plan Neyhousser qu’il a contribué à faire naître au chantier Lalou Multi en 2020.

45 minutes d’avance… A l’échelle de l’Atlantique, l’écart est insignifiant, juste symbolique de la maîtrise d’un tandem très expérimenté au rendez-vous de la première manche express entre Le Havre et Lorient. Ce n’est plus vraiment le sujet pour ce nouveau départ le 6 novembre. Il reste 4200 milles pour faire les comptes et au moment de larguer les amarres sous un ciel de traîne qui charrie ses grains, les regards sont tournés vers la sortie du golfe de Gascogne. La météo promise pour descendre jusqu’au Cap Vert est presque parfaite, mais faut-il encore passer un petit front dès la première nuit et rester rapide pour gagner le Sud avant le passage d’un second beaucoup plus méchant. « Ce sera assez schizophrénique comme début. Il faudra à la fois être rapides et très prudents … Après 24-48 heures, on devrait être sortis des ronces. » résume Fabrice Cahierc (Réalités) sur les pontons de Lorient La Base. 

Avant la fin de la première nuit, la sanction tombe sur la flotte des Ocean Fifty. Le Rire médecin-Lamotte (Luke Berry-Antoine Joubert) casse un bras de liaison et démâte consécutivement. Réputé solide, ce trimaran construit en 2009 est rapidement pris en remorque par Merida, le bateau de sauvetage d’Adrien Hardy déjà sur zone.  Presqu’au même moment, c’est au tour de Primonial (Sébastien Rogues-Jean Baptiste Gellée), à la lutte pour la première place avec Solidaires en Peloton dont il est le sister ship de casser un flotteur. Jamais deux sans trois,… Erwan Le Roux et Audrey Ogereau annoncent au petit matin qu’ils se détournent vers La Corogne suite à l’endommagement des carénages de bras avant de Koesio. Ils sont finalement contraints à l’abandon le 9 novembre. En l’espace de quatre heures, la flotte est amputée de moitié. « C’est dur commente Thibault Vauchel-Camus à la vacation du lendemain. Cela fait des camarades de jeu en moins. La course était très belle avec des rafales à 35-40 nœuds, c’était tonique ; et maintenant on a hâte d’en sortir. » 

Ménage à trois sur la transat en double

Il faut garder le rythme et très vite les manoeuvres et changements de voiles commencent après le cap Finisterre. Viabilis Océans (Pierre Quiroga-Ronan Treussart) fait l’extérieur du DST et descend avec un bon angle. Réalités s’intercale par l’est et le ménage à trois commence. A l’approche de la dorsale du cap Saint Vincent, Solidaires en Peloton compte 50 milles d’avance sur Viabilis Océans. A l’entrée dans l’alizé, l’écart passe à 100. Réalités fait un bon coup dans l’est et brûle la politesse à Viabilis Océans au passage des Canaries. Solidaires en Peloton se décale suffisamment dans l’ouest pour ne pas subir les dévents de l’archipel et continue de creuser. Après le Cap Vert, les trimarans peuvent mettre le clignotant à droite direction les Antilles et continuent leur descente en escalier dans l’alizé. Une course de pilotage où chaque empannage est l’occasion d’un nouveau pointage dont l’ordre reste inchangé. Solidaires en Peloton est solide et ne fait pas d’erreur. « La première place était inaccessible confirme Aymeric Chappellier à son arrivée. Thibaut et Quentin ont fait une course fantastique ». Une course maîtrisée de bout en bout avec comme seule casse un bidon de gazoil percé dans un choc mais aucune avarie ou perte de voile qui aurait pu entamer la performance du binôme.

Un binôme qui comme ses poursuivants à l’arrivée n’ a pas oublié d’avoir une pensée pour ceux qui n’ont pu s’inviter à la fête au delà du golfe de Gascogne, cultivant cette sportivité amicale bien ancré dans l’ADN des Ocean Fifty. « Ça fait longtemps qu’on n’avait pas eu de casse en Ocean Fifty. Mais c’est du composite et ça se répare » relativisait quant à lui Quentin Vlamynck qui en connait un rayon sur la question. De 2018 à 2020, il a contribué à donner vie à Solidaires en Peloton chez lui dans le Médoc - le bateau s’appelait alors Arkema -, au sein du chantier de son mentor Lalou Roucayrol. Cette victoire à bord d’un bateau qu’il a vu naître n’a que plus de valeur pour le jeune skipper qui a visiblement trouvé en Thibaut Vauchel-Camus un compagnon à la hauteur de ses ambitions.

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