Les trajectoires très nettes des cinq ULTIM sur la cartographie cachent sans doute bien la difficulté de maintenir les trimarans de 32 mètres en vol dans les conditions de ce début de course. « La mer a été très variable depuis le départ. Souvent très courte, elle compliquait le vol et il fallait être dessus. Le pire c’était au niveau des anglo normandes, ça tapait fort. Là, depuis qu’on a passé le front, la mer s’est allongée, la lune vient de se coucher et il fait assez clair avec pas mal de petits cumulus dans le ciel. C’est un très beau spectacle ! » confiait François Gabart ce matin au moment de faire les comptes après son option au Nord du DST.
Il était d’ailleurs suivi sur cette voie par Actual Ultim 3 qui fermait la marche, les trois autres ULTIM ayant choisi de passer entre le DST et l’île d’Ouessant. Leur trace montre d’ailleurs qu’il n’était pas facile de caler les deux virements au bon moment à l’approche de la zone interdite et sans doute que Gitana 17 a laissé quelques longueurs à Banque Populaire XI dans l’affaire. « Ce n’est pas simple ces manoeuvres. Le vent était très mal calé en direction avec des variations de 30 à 40° sous les nuages, tu n’es pas forcément en phase au moment où tu dois déclencher » expliquait François qui a lui « préféré tirer un peu la barre. On n’a pas pu profiter de la petite gauche (rotation du vent du Sud-ouest au Sud NDR) de nos concurrents qui étaient plus collés à la côte. C’était aussi le choix de la simplicité, sachant que la cellule de routage ne donnait pas d’avantage décisif pour l’une ou l’autre option »
Le vent rentre à nouveau !
Au dernier pointage, le choix de Banque Populaire XI et Gitana 17 semble être le meilleur. Un peu moins près du centre de la petite perturbation, ils ont sans doute conservé un vent plus régulier, François Gabart avouant « avoir connu une période de molle ce matin derrière le front ». Mais peut-être que le décalage Ouest de SVR Lazartigue lui amènera un peu plus de pression et un meilleur angle dans la journée.
Car après cette première phase de tricotage en Manche et sur le proche Atlantique, tous les concurrents vont se retrouver tribord amures pour un bon moment et se livrer à un long run de vitesse vers le cap Finisterre qu’ils devraient atteindre vers minuit. La cadence va s’accélérer dans l’après-midi avec un vent d’Ouest-Sud Ouest qui va fraîchir de nouveau et prendre de la droite, avec jusqu’à 30 noeuds sur les fichiers.
Une fois le golfe traversé, le vent mollira à nouveau pour les bateaux de tête qui seront sans doute tentés de mettre un peu plus d’Ouest dans leur route pour maintenir la cadence à l’approche de Gibraltar. « C’est le paradoxe de cette course. On va se retrouver dans la molle au moment où les côtes françaises vont commencer à toucher le début de la tempête annoncée avant le départ ! » pointait François Gabart à propos du grand écart atmosphérique, rarement aussi marqué sur un départ de course.