Arrivée 2021
Édition 2023 05 octobre 2023 - 17h35

La Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre a 30 ans. Un café et l’addition s’il vous plait !

En 15 éditions, la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, course multi-classes par excellence, a distribué 92 médailles de vainqueurs. Ils sont moins nombreux à l’avoir remporté puisque certains ont inscrit à plusieurs reprises leur nom au palmarès. Doublé, triplé, quadruplé,… Petit inventaire chiffré et témoignages de ceux qui ont pris l’habitude de gagner.

De la longue histoire de la Transat Jacques-Vabre, on retiendra d’abord que 538 skippers dont 51 femmes se sont élancés du Havre depuis 1993. « Le rythme bi-annuel de la Transat Jacques Vabre est très spécial dit Franck Cammas. J’ai toujours trouvé intéressant de ne pas être bloqué sur des destinations mais d’avoir rendez-vous au Havre tous les deux ans. La Route du café revient à nous très rapidement et fait partie de notre histoire »

Sur les 538 candidats, on trouve 67 noms de vainqueurs et dans le lot, certains se distinguent. Douze d’entre eux ont en effet doublé la mise. Le premier a d’ailleurs donné son nom au bassin dans lequel seront amarrés les bateaux à partir du 20 octobre prochain. C’est le Havrais Paul Vatine, fauché en vol lors de l’édition 1999 dont il partait à l’assaut, dans l’espoir de réaliser le triplé aux côtés de Jean Maurel sur leur trimaran Groupe André.

Les autres se nomment Steve Ravussin, Franck Proffit, Yves Parlier, Loïck Peyron, Paul Larsen, Roland Jourdain, Vincent Riou, Yannick Bestaven, Thomas Coville, Pascal Bidégorry, ou encore Sébastien Rogues. Pour ceux-là, la Transat Jacques Vabre a été plus qu’un déclencheur, une confirmation, parfois même une renaissance. En panne de sponsor depuis la perte de son Fujifilm en 2002, Loïck Peyron qui a déjà gagné en 1999, l’emporte de nouveau  aux côtés du skipper Jean-Pierre Dick en 2005 et rend hommage à la course : « L’effet Transat Jacques Vabre a été suffisamment intéressant pour que je sois de nouveau sollicité par les armateurs et les sponsors » dit-il en référence à l’écurie Gitana qui lui offre en 2007 un 60 pieds pour son second Vendée Globe.

 

Cinq triples vainqueurs dont quatre encore en course cette année

Cinq skippers ont réalisé le triplé : Franck-Yves Escoffier, Erwan Le Roux, Antoine Carpentier, Charles Caudrelier et Yann Eliès. Mis à part Franck-Yves Escoffier, les autres pourront briguer cette année une quatrième victoire. C’est le cas de Yann Eliès qui s’élance cette année en IMOCA avec Yoann Richomme sur Paprec Arkéa et reste très attaché à la transat en double : « Toutes ces éditions m’ont fait découvrir Le Havre et je suis très attaché à cette ville, à l’histoire de Paul, de Jean Maurel. Les gens de la Direction de course sont des Havrais, les Francis Le Goff, Pierre Hays et ce sont des organisateurs hors pair. Au Havre, on est entre de bonnes mains …» 

La victoire à répétition est parfois le fait de marins qui dominaient leur classe de la tête et des épaules à une période donnée. Ce fût notamment le cas en Ocean Fifty de Franck-Yves Escoffier et d’Erwan Le Roux ou de Franck Cammas en ORMA. D’autres, comme Jean-Pierre Dick ont fait de la Transat en double leur course de prédilection. Si le Vendée Globe s’est toujours refusé au Niçois, ce dernier a marqué de son empreinte le monde de l’IMOCA par sa régularité dans la Route du café. «En 2003, notre victoire a permis d’imposer Bruce Farr dans le monde de l’IMOCA. Tout le monde venait voir notre bateau qui avait vraiment un plus ». Un sacré déclencheur que ce Farr puisqu’entre 2003 et 2007, le cabinet de l’architecte néo-zélandais dessinera pas moins de sept 60 pieds pour les meilleurs skippers du moment. 

 

Deux quadruples vainqueurs, …

Mais Jean-Pierre retient surtout de ses Routes du café la variété de ses co-équipiers. Au discret Nicolas Abiven qui a avait supervisé la construction de Virbac en Nouvelle-Zélande, succède Loïck Peyron en 2005 : « J’étais étonné qu’il accepte de courir à mes côtés. En fait, il était curieux des monocoques et de mon bateau car il avait en tête le Vendée Globe suivant. Il m’a énormément appris, c’est un véritable mentor. Je me souviens parfaitement de notre arrivée très serrée devant Bilou (Roland Joudain) et Ellen Mac Arthur. J’ai pu apprécier le calme de Loïck alors que j’étais remonté comme une pile électrique ! » Les éditions se suivent et ne ressemblent pas si l’on en croit Jean-Pierre : « Avec Jérémie (Beyou) en 2011, c’était différent, on est deux stressés. Mais la victoire était très belle car nous sommes allés la chercher dans la tempête, comme une démonstration de force ». En 2017, sa dernière Route du café avec Yann Eliès est celle de l’expérience : « Le bateau avait fait le Vendée Globe, on avait confiance. Avec Yann qui est un caractère assez trempé, on a mis la pression sur nos concurrents dès le début et ça a déroulé »

 

… dont l’un peut espérer le quintuplé

Jean-Pierre Dick ne sera pas au départ cette année et laisse donc à Franck Cammas et lui seul la possibilité d’inscrire pour la cinquième fois son nom au palmarès de la Transat Jacques Vabre. « Je signe volontiers pour une cinquième victoire, mais je ne regarde pas trop cet aspect record… » dit sobrement celui qui l’a remporté trois fois en trimaran ORMA (2001, 2003 et 2007) et une fois en ULTIM (2021). Si chaque victoire est belle, Franck Cammas retient volontiers sa première. « Nous avions déjà gagné Québec Saint-Malo en équipage, mais cette Route du café est notre première victoire en double. Je courrais avec Steve Ravussin que j’avais détecté sur la Route du Rhum 1998 qu’il disputait sur un petit Formule 40. J’en avais conclu que celui-là devait être solide ! Notre victoire était d’autant plus belle que ça n’avait pas été une transat facile. Nous nous étions arrêtés aux Canaries pour réparer le bateau, il fallait contourner l’île d’Ascension, c’était aussi mon premier Pot-au-noir. La victoire s’est jouée la dernière nuit. On bat Alain Gautier et Ellen Mac Arthur sur le fil, dans des -conditions d’orages assez violents. L’arrivée à Salvador de Bahia m’avait impressionné… »

Changement de décor et de support. Cette année, Franck s’aligne en IMOCA avec Jérémie Beyou sur Charal à destination de Fort de France. Ils viennent de remporter à bord du plan Manuard noir et rouge le Défi Azimut Lorient Agglomération, véritable warm up de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre et font évidemment partie des favoris. « C’est très délicat de faire un pronostic dit Franck. Le niveau d’un plateau dépend beaucoup de la masse de concurrents et du nombre de bateaux neufs. Dans les années 2000, il y avait beaucoup plus de trimarans. La classe reine, c’était l’ORMA et aujourd’hui, c’est l’IMOCA. Ce sont des bateaux spectaculaires, inconfortables et difficiles. Ça va être une grande bataille ! »

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