Après une nuit éprouvante, les Ocean Fifty, encore en course, filent vers le sud, galopant pour accrocher les alizés. Là où le match devient intéressant, ce sont pour les IMOCA et les Class40 ! Ils vont devoir user de stratagèmes, dans les deux prochains jours, s’ils veulent rejoindre rapidement leur copains multicoques.
Class40 : prendre la poudre d’escampette
Commençons par les plus petits de la flotte. Les Class40 sont actuellement divisés en deux groupes alors qu’une dépression (oui encore une, mais c’est l’automne), arrive par l’ouest.
L’objectif pour le paquet d’avant, est de mettre le turbo pour arriver à passer le cap Finisterre et descendre au sud du Portugal avant le front, pourquoi ? "Là, ils ont du vent qui vient de côté (nord-ouest)", explique Christian Dumard, LE monsieur météo de la course, "avec l’arrivée de la prochaine dépression, le vent va tourner au sud, ils vont l’avoir de face, et donc avancer beaucoup moins vite."
Et déjà, une première question stratégique se pose : passer à l’est (près des côtes) ou à l’ouest (au large) du DST (Dispositif de Séparation du Trafic) du cap Finisterre ? Les rares skippers que nous avons réussi à joindre ce matin, lors de la vacation de 11 h, étaient encore incertains. "J’étais justement en train de télécharger des fichiers météos pour regarder un peu, racontait Guillaume Pirouelle (Seafrigo - Sogestran). Ce qui se dessine c’est de passer plutôt intérieur DST mais je n’ai pas encore fini d’étudier ça, on va décider au fur et à mesure." Pour Baptiste Hulin (AMIPI - Tombelaine Coquillages), la sécurité avant tout. "On va aller à la côte, se protéger de la mer. Il y aura le front dans la nuit et on est en train de réfléchir à une option passage intérieur ou non du DST en fonction des conditions de mer et de vent."
Pour le paquet arrière, les retardataires, malheureusement, ce sera double peine. Non seulement ils auront ce vent de face au large de la Corogne, mais, en plus, l’anticyclone va gonfler et les ralentir davantage.
"Les écarts qu’il y aura dans les prochains jours, ne seront pas significatifs de la performance des skippers, veut rassurer Christian Dumard, ça dépend de la génération de bateaux, entre les neufs qui iront plus vite que les anciens."
IMOCA, Route du café à choix multiples
Bien avant le départ, le cerveau des skippers IMOCA était déjà en ébullition. Ce nouveau front qui touchera les Class40 va aussi avoir un impact sur la flotte des 60 pieds. L’Atlantique leur offre, en gros, trois options :
• Route 1 dite "secure" : descendre le long des côtes portugaises et africaines, à l’est de l’anticyclone. Un choix peu compliqué, peu dangereux pour les bateaux mais sans vent. C’est donc prendre le risque d’aller moins vite et de perdre du temps.
• Route 2 dite "intermédiaire" : essayer de contourner l’anticyclone des Açores par l’ouest, en passant entre Madère et Les Açores, puis rejoindre les alizés.
• Route 3 dite "nord" : en théorie la plus courte. Il s’agit de passer au nord (en laissant Santa Maria à tribord) et poursuivre sur cette voie, au nord de l’anticyclone, au lieu d’aller chercher les alizés. Seul hic, aucune porte pour redescendre vers les Antilles ne semble s’ouvrir pour le moment. C’est une option risquée et qui peut s’avérer dangereuse pour les bateaux.