Il y a 300 ans, la Martinique devenait le berceau du café aux Amériques. Alors qu’il revenait sur l’île, le capitaine d’infanterie Gabriel de Clieu emmena avec lui deux caféiers. Mais son voyage à travers l’Atlantique fut semé d'embûches. Un peu à l’image de nos deux skippers à bord de Lazare.
Une traversée chaotique
Le 7 novembre dernier, les IMOCA quittent le Havre. Parmi les concurrents, Tanguy Le Turquais et Félix de Navacelle, à bord de Lazare. Ils embarquent avec eux un passager clandestin : Café-Fé. Ce plant de café doit être replanté en Martinique à leur arrivée. Mais Tanguy et Félix jouent de malchance dans les premières heures de course et font face à une voie d’eau importante à bord. Ils sont obligés de se dérouter vers le port de Lorient. Commence alors une course contre la montre pour réparer et reprendre la mer. C’est chose faite le 14 novembre. Une question se pose, qu’est devenu Café-Fé ? "On va pas se mentir, il a eu un petit coup de froid à Lorient pendant notre chantier", reconnaît Tanguy Le Turquais. Mais le marin se veut rassurant : "Félix l’a récupéré et l'a mis au chaud près de la cheminée pendant 2-3 jours. Il s’est refait une santé. On est reparti en course et là on se posait la question de savoir si on devait lui donner un petit peu à boire ou pas. Il y a une petite feuille qui a jauni sinon il se porte bien. On espère de tout coeur qu’on va arriver à le planter en Martinique c’est quand même l’objectif à la base"
Un café martiniquais d’exception
En effet, celle qu’on surnomme l’île aux fleurs a décidé de relancer sa filière caféière dans les années 2010. Celle-ci était tombée en désuétude, supplantée par la canne à sucre. Ce nectar pousse au pied de la célèbre montagne Pelée. Il a besoin de cette altitude et de cette terre pour développer ses meilleurs arômes. C’est aussi là, dans le Parc Naturel Régional qu’ont été découverts les plants mères de l’arabica typica.
"Quand nous les avons retrouvés, nous avons commencé avec 4 caféiers. Il fallait d’abord tester le terrain car c’est une plante particulièrement sensible", explique Sofia Hoche-Balustre, présidente du Parc Naturel Régional de Martinique. "Ça a fonctionné ! La localisation de la Martinique sur la mappemonde, près de l’équateur, fait que nous avons des conditions idéales pour ce type de plantation." Aujourd’hui, l’île compte 22 caféiculteurs qui travaillent sur une surface de 3000 m². Un espace à taille humaine car tout se fait à la main, du semis à la récolte. "Cela permet de tout maîtriser et de proposer un café d’excellence, sans pesticide, avec des grains zéro défaut", poursuit Sofia Hoche-Balustre.
D’ici cinq ans, la Martinique espère produire quatre à cinq tonnes de café annuelles, destinées en grande partie aux épiceries fines.