Ambrogio Beccaria et Nicolas Andrieu, vainqueurs en Class40
Class40
Édition 2023 23 novembre 2023 - 14h43

Forza Alla Grande Pirelli !

Presto, presto… ! À croire que cette Route du café était destinée à Ambrogio Beccaria, très bien accompagné de Nicolas Andrieu, à la barre d’Alla Grande Pirelli, le tout premier prototype de course au large 100% « Made in Italy ». Fidèle à lui-même, le plus « lorientais » des skippers transalpins, n’a pas fait dans la demi-mesure et imprime sa marque sur la course en s’adjugeant une victoire qui ne manque pas de panache. Déjà bien positionné pour remporter la mise hier, le duo italiano-français passe la surmultipliée. Le plan Gianluca Guelfi, mis à l’eau en octobre 2022 et qui s’était déjà classé 2è de la dernière Route du Rhum, déploie ses ailes dans les alizés soutenus retrouvés en approche de l’arrivée. Au point que les routages ont du mal à suivre la cadence de ce Class40 qui progresse à la vitesse d’une fusée et double le rocher du Diamant comme un éclair aux premières lueurs de ce petit matin antillais.

Un peu plus d’une heure plus tard, à 8h01, le voilà sur la ligne d’arrivée finale en baie des Flamands. Le spectacle offert par ce Class40 déboulant du large est  superbe ; il force l’admiration à l’approche d’une victoire triomphale. Premiers à l’arrivée à Lorient du premier round qu’ils avaient mené de bout en bout au départ du Havre, le skipper milanais et son complice, directeur du bureau d’études de l’IMOCA de Jérémie Beyou - déjà crédités d’une avance de 1h15 mn sur leur plus proche poursuivant, Groupe SNEF -, enfoncent le clou au terme du parcours en direction de Fort-de-France. Sur la route du sud, au portant dans les alizés, Ambrogio et Nicolas, âgés de 32 et 36 ans, bataillent avec brio dans leur groupe. En imprimant un tempo soutenu, ils peuvent cavaler vers une victoire sans partage qui ne peut plus se dérober sous l’étrave d’Alla Grande Pirelli. L’explosion de joie et de champagne est méritée. Bravissimo Ambrogio et Nico !

 

Les premières réactions au ponton 

L’arrivée

Nicolas : « C’est énormément de bonheur. Et pour moi, de passer la ligne, cela a été aussi pour moi un sentiment de délivrance, parce que j’ai trouvé l'intensité de la compétition extrêmement forte, avec les bateaux proches de nous, comme avec les bateaux lointains sur des routes opposées. »

Ambrogio : « Cela fait quelques heures qu’on sait qu’on va gagner. On s’interdisait  complètement de le dire. C’est énorme, c’est très beau ! »

 

La route Sud 

Nicolas : « Avec les informations qu’on avait, c’est le choix qui nous semblait le plus probable. Mais personne n’avait toutes les cartes en main. Il y avait une part de réussite. À partir du moment où on avait choisi, cette option, la meilleure chose qu’on pouvait faire, c’était d’abord de finir premier de notre groupe, puis de courir contre la montre et  de faire du mieux possible. Cette ambivalence là, elle n’était pas facile à gérer. »

Ambrogio : « Les routes étaient assez kif-kif en termes de probabilités. Quand on a pris la décision, il y a dix jours, il n’y avait pas de vent, zéro. Statistiquement, la route sud ne pouvait pas être pire. Et on avait aussi déjà investi pas mal de milles pour aller vers alizés. On n'allait pas les jeter pour repartir au nord. On trouvait ça plus cohérent. On fait la Jacques Vabre, on va dans les alizés et on y reste ! »

 

Le bateau 100% Italien 

Ambrogio : « On a une machine incroyable. On se sent plus ou moins tout le temps les plus rapides. Pour un bateau de course, c’est incroyable. Il est super polyvalent, il accepte plein de choses. Après, il est très exigeant, mais on a fait que le régler toute la course. Et d’ailleurs, le  pilote barre mieux que nous ! Mais on est resté à l’écoute, et on a trouvé des nouveaux modes de conduite. »

Nicolas : «  C’était super enrichissant. La manière dont on maniait le bateau avant la course et maintenant, elle n’a rien à voir. On a appris chaque jour. C’est ma première transat en course. Je voyais ces 15 jours, comme quelque chose d'assez long, et au final ça passe vite, avec tout le temps, des choses à apprendre et à améliorer. À l’arrivée, on a un haut niveau de maîtrise de ce bateau, et c’est assez agréable. Je ne connais pas très bien la Class40, que j’ai découverte ces six derniers mois. Le bateau n’a pas de trou. En plus d'être polyvalent, il est aussi performant tout le temps. On pratique un sport mécanique à bord d’un prototype ;  alors c’est bien d’avoir de bons pilotes, mais une bonne machine c’est essentiel. »

 

Le binôme

Ambrogio : « Avant la course, on n’a pas eu beaucoup de temps pour se connaître. C’est notre 3e course. On a appris à se connaître sur cette Jacques Vabre. J’ai découvert que Nico a un côté très sincère et surtout j’ai vu que dans les moments les plus durs, c’est là qu’il rebondit le plus haut… Un peu comme une petite balle de tennis ! Cela m’a donné plein d’énergie, parce que je me sens un peu fonctionner comme ça. Dans une course en double, où tu partages tout, on s’emmenait vers le haut tout le temps. Dès qu’on avait un moment dur, on trouvait beaucoup de force.» 

Partager