Mikael Mergui (Centrakor), Class40 :
« Ce sera une grande première pour moi et mon co-équipier sur la Transat Jacques Vabre. On est hyper impatients, comme des enfants. On est très soulagés de la décision qui prévoit une escale à Lorient. Sur les premières heures de course, on va avoir de grains à 45 nœuds. Notre objectif est de rallier Lorient sans casse, sans se blesser et en essayant de se faire plaisir, ce qui ne sera pas forcément facile. On sait que si on a 1h de retard à Lorient, ce n’est rien à l’échelle des 15 jours de traversée qu’il reste pour rejoindre la Martinique. Dans la tête, on se conditionne pour ce schéma de course. C’est vrai que ma carrière s'est plus faite jusque-là sur ce format de régate, que sur le large. Sur le début de la dernière Route du Rhum, avant de connaître des avaries, j’avais réussi à tirer mon épingle du jeu. Là, c’est un peu différent, dans des conditions plus engagées, mais on ne prendra pas de risques démesurés, que ce soit pour aller dans les cailloux ou au contact des autres bateaux. »
Keni Piperol (Captain Alternance), Class40
"Je suis assez concentré, il va vraiment falloir prendre un bon départ. La première étape va être courte, c’est un peu une course de figaristes. Si on prend un bon départ avec Thomas, 50% du job sera déjà fait. Il ne faut pas se tromper d’objectif, c’est un sprint et pas un marathon. On se prépare autrement en termes de rythme et de durée de course. On a un peu moins de pression, par contre on ne sait pas trop quand on va repartir de Lorient. C’est une sage décision qu’a prise la direction de course et c’est équitable pour tous les Class 40 parce qu’on est obligé de s’arrêter. On espère repartir le plus tôt possible."
Yoann Richomme (Paprec Arkéa), IMOCA
« Hier soir, j’ai réalisé qu’on allait vers une dépression hors normes. 40, voire 50 nœuds, c’est gérable. Là, on parle de 80 nœuds, rafales à 100-115 nœuds, avec des déferlantes dans des conditions de mer avec des vagues de 10-12 mètres. À part mettre en péril la vie des gens, il n’y a pas d’intérêt d’être en mer. Ce n’est pas du tout raisonnable d’envoyer n’importe quel bateau là-dedans, même les cargos. Les plus rapides des IMOCA pouvaient espérer s’en sortir devant, mais il ne fallait pas de retard dans le planning, pas de casse, et cela laissait très peu d’opportunités de se mettre à l’abri. Je pense que les ULTIM vont s’en sortir et faire un parcours complet. On prendra probablement un départ dans une semaine sur une route directe, ce qui ne changera finalement pas grand-chose au timing de l’événement. J’avais commencé à évaluer des plans d’arrêt à La Corogne, au cas où. Mais, ce matin, il apparaît que les conditions attendues ne sont pas navigables. »
Nicolas D’Estais (Café Joyeux), Class40
« On a eu une heure de rab' ! On se sent bien et nous avons affiné notre stratégie en faisant tourner de nouveaux routages ce matin, on a affiné notre stratégie. Nous aurons un peu de temps une fois dehors pour réactualiser encore ça. Là, on est prêt, il faut y aller. Ça va être musclé au début avec pas mal de mer notamment au cap de La Hague. Ensuite, ça ira de mieux en mieux à partir de l’aube et jusqu’à Lorient. On ne va pas y aller tranquille, c’est la Transat Jacques Vabre. on part pour 36 heures, on sait qu’on peut aller à nos limites. On va être généreux dans l’effort et on se reposera derrière. C’est un bon échauffement pour nos bateaux et ceux qui auront eu de petits problèmes auront une seconde chance pour la grande traversée. »
Jean-Baptiste Gellée (Primonial), Ocean Fifty
« La première étape, aussi courte soit-elle, va être engagée, avec des rafales à 45 nœuds. On ne part pas en convoyage, mais en course ; et il va falloir trouver la bonne configuration du bateau. On respecte cette décision de la direction de course. C’est vrai qu'on ne s'attendait pas à ça hier en partant se coucher. On s’adapte comme on peut. On décharge de l’eau et de la nourriture, mais rallier Lorient nous permet d’avoir un départ de transat un peu plus facile à caler, puisqu’on aura déjà passé la Manche. On va laisser cette grosse, grosse dépression s’évacuer, même si le plus dur sera de rester dans la course, alors que potentiellement certains vont rentrer chez eux avec un deuxième départ qui n’aura probablement pas lieu avant samedi prochain. On va essayer d’arriver avec un bateau en forme, pour ne pas avoir trop de bricoles à faire à Lorient. L’objectif reste de traverser. »
Tiphaine Ragueneau (Engie-DFDS-Brittany Ferries), Class40
« Nous sommes relativement sereines car les décisions de la Direction de course sont rassurantes pour les marins. On se rend compte qu’ils font vraiment attention à nous et je pense que tout va bien se passer. Ça ne va pas être la plus longue des deux étapes mais ce ne sera pas forcément la plus facile. Il faut rester concentré et on va essayer de faire au mieux et arriver à Lorient en prenant du plaisir et en faisant attention au bateau. Les conditions sont un peu fortes mais on est assez bien préparé par les courses d’avant-saison à ça. Après dans le gros temps, il faut faire les bons choix au bon moment et réussir à aller jusqu’au bout. On se prépare aussi à l’inconnu car on ne sait pas combien de temps on va s’arrêter à Lorient.
C’est ma première transat et je sais pas dans pas très bien dans quoi je me lance. J’essaie de le prendre comme une course comme une autres, qu’elle soit en une ou deux étapes, pour moi c’est de toutes façons le saut dans la grand bain. Vivre un premier village de Route du Café, c’est des émotions particulières et c’est éprouvant au bout de 10 jours, j’ai hâte d’aller en mer retrouver un peu de calme et de sérénité. »
Damien Seguin (Groupe APICIL), IMOCA
« On attend une dépression très explosive. Dans ce cas-là, il ne faut pas penser aux bateaux les plus rapides. On reste au Havre car il n’y a pas de place pour nous à Lorient (39 IMOCA), comme c’est le cas pour les Ocean Fifty et les Class40. À mon avis, nous sommes là pour quelques jours. C’est très courageux de la part de l’organisation et de la Direction de course d’avoir pris cette décision car ce n’est pas simple d’annoncer cela aux skippers le matin au réveil. Personnellement, j’étais en train d’enfiler mes bottes quand je l’ai su. Ce qui peut surprendre les gens, c’est que les conditions pour le départ ne sont pas mauvaises. La problématique, elle est vraiment dans 48 – 72 heures. Psychologiquement, c’est un peu l’ascenseur émotionnel. Pour le moment, nous n’avons pas de date de départ. C’est ça le plus compliqué. »
Kevin Bloch (Inter Invest), Class40
« La direction de course a pris sa décision. On n‘est pas dans la chaine de décision de la Direction de course. J’imagine qu’ils avaient les éléments et ont fait le bon choix. Nous, on est juste là pour faire du bateau et on est content de partir en mer. On n’ a pas vraiment la sensation de partir pour la Transat mais pour une petit course côtière. C’est une autre approche. On n’est pas dans le mode grande course mais il faut être plus vite dedans. Les conditions vont être musclées et il y aura des passages difficiles comme au raz Blanchard. Mais c’est navigable et il faudra juste utiliser le bateau pour faire mieux que les petits copains plutôt que pour le conserver en entier. C’est une régate ! »
Pierre Le Boucher (Groupe SNEF), Class40 :
« C’est ma deuxième Transat Jacques Vabre, après une première participation en 2019 en Class40 qu’on a terminé en 3è position avec Aymeric Chappellier. Là, c’est un peu spécial, avec cette première petite étape vers Lorient. En termes de navigation, cela va nous donner plus de travail que si on partait directement vers les îles du Cap Vert. On va faire le tour de la Bretagne avec pas mal de passages techniques, comme le raz Blanchard, le Four et le raz de Sein dans des courants contraires. Il y aura beaucoup de vent, on va se faire bien brassés. Et même si cela ne va pas durer longtemps, on sera bien cramés. Il faudra savoir où placer le curseur, sachant qu’il faut arriver entier au terme de cette première étape, sans perdre trop temps sur les premiers et ne pas casser. Cela va être très intéressant d’entamer la course sur ce schéma là, même si après tout l’enjeu sera de se remettre dans la match pour la traversée. Mais on sait faire, on fait un sport qui nous demande de tout le temps s’adapter. »
Luke Berry (Le Rire Médecin), Ocean Fifty
« Quand on s’est réveillé ce matin et qu’on a regardé nos WhatsApp, on a vu que tout le programme des prochaines semaines est chamboulé. On était prêts à y aller. On est peut-être un peu divisés au sein de la classe, mais on respecte la décision du directeur de course. Là, on part pour un sprint de 24 heures jusqu’à Lorient. On s’est plus entraîné à ça cette année. Par contre, il faut quand même faire attention, parce que sur la zone du départ, il y a quand même du vent fort. On va aller à la pointe du raz Blanchard en toute sécurité, et je pense qu’on se mettre en mode course après les îles anglo-normandes. Cela pose des problèmes de logistique, mais ce n’est pas grave, on sait s’adapter. »
Jérôme Lesieur (LABEL EMMAÜS) Class40
"Moi je ne suis pas un professionnel donc c’est tension maximum, un peu noué de partout !Mais en fait on va avoir que 35-40 noeuds donc au regard des 60 qu’on a regardé toute la semaine, on a l’impression d’aller se promener. Pour nous c’est plutôt une aubaine, comme on n’a pas pu s’entrainer cet été car notre bateau était cassé, ça nous fait une course d’entrainement, ça va nous permettre de régler le bateau et rattraper notre retard en étant prudent. Si on perd 1h sur la première étape c’est pas grand chose, l’important c’est d’arriver au bout. On n’a pas d’intérêt à avoir le couteau entre les dents pour cette première étape."
Amélie Grassi (La Boulangère Bio), Class40
« Sur la première étape, on va rencontrer des conditions qu’on a déjà rencontrées cet été sur la Rolex Fastnet Race. Faire un bon score en numéraire à Lorient, ce serait top, mais il ne faut pas oublier qu’il faut surtout être proche en temps des autres. Tout l’enjeu sera de réussir à doser la prise de risque. Avec Anne-Claire (Le Berre), plus que de l’appréhension sur la météo, on a ce petit trac de la régate de 36 heures qui nous attend. On sait que si on fait un mauvais choix de voile, une manœuvre un peu longue, c’est beaucoup de minutes qui défilent. Mais on sait qu’on a un bateau robuste, et que nous aussi, nous sommes robustes dans le vent fort. On y va sachant qu’il nous faudra être concentrées, mais on part détendues. Cette intuition et cette aisance sur l’eau, c’est notre point fort, tout comme le fait qu’on se connaît bien. »
Giancarlo Pedote (Prysmian Group), IMOCA
« Je pense que c’est une très, très sage décision. Hier, on a bien vu que les conditions annoncées se sont vraiment dégradées. Il ne faut pas voir ça comme un échec pour la course. C’est normal du fait qu’on joue avec des système météo qu’on ne peut pas prévoir. On n’est pas sur un terrain de tennis où tout est maîtrisé. On joue avec la météo, et la sécurité de la flotte reste primordiale. Dans tous les cas, ce sera une belle histoire. D’autres classes partent. Cette course va se dérouler sur un scénario qu’on n’aura jamais vécu avant. Ce matin, j’ étais très tôt au bateau et j’étais derrière l’ordi, prêt à aller à la guerre. Mais on a des bateaux qui coûtent cher. Parfois, il faut savoir regarder loin en évaluant les risques. Et bien sûr chaque projet voit les choses à sa manière. »