Erwan : « C’était ma première Transat Jacques Vabre, elle a de la saveur car je voulais finir. On a eu pas mal de pépins et je voulais terminer devant Sodebo. J’aurais été frustré d’arriver en quatrième position. »
Charles : « C’est sur, trois c’est mieux que quatre ! Cétait une course difficile. C’était très frustrant pour moi car je n’aime pas quand le bateau n’est pas à 100%, c’était rageant, mais voilà, ça fait partie des aléas de la course au large. Pendant des années, on a été très réservés de ça. On a surtout regretté de ne pas pouvoir jouer plus longtemps avec les deux bateaux de devant car la bagarre était très belle.
C’est un soulagement d’arriver car les soucis empiraient. Un des foils est très abimé. Au début, on routait à 90% de la polaire, puis à 80 % et on a fini à 70%. Ce n’est pas agréable, le bateau n’est pas aérien. La course était dure, on a eu beaucoup de manoeuvres. On a eu très peu de vent ces derniers jours et il a fallu multiplier les empannages, il faisait très chaud. A la fin, on n'avait plus envie de barrer parce qu’on ne retrouvait pas le bateau tel qu’il est. Il faut relativiser ça reste du sport et on a choisi d’être là. C’est un bonheur d’arriver dans la baie de Fort-de-France, de voir les îles. »
(…)
« Les galères ont commencé 2 minutes après le départ. On a vite réparé le problème de safran. On s’en est rendu compte lorsqu’on a renvoyé la grand-voile en Manche, le bateau était inbarrable. On a trouvé quelques astuces en réglant les safrans un peu différemment. En bâbord amures ça allait, mais en tribord c’était difficile …
Erwan : On est resté à fond en course jusqu’à l’empannage sous Madère. C’est après qu’on s’est rendu compte qu’on avait un déficit de vitesse et dans le Pot au noir, on a compris qu’il y avait ce problème de foil. Tout le début était super, on était à vue avec SVR Lazartigue et Banque Populaire XI. Même si on était gênés, on était dans le match
Charles : « Au départ, j’ai tout de suite compris d’où ça venait. il a fallu que je démonte des écrous à d’autres endroits du bateau pour resserrer le système et le bloquer. Mais après, le système avait quand même du jeu. Assez tard, au large du brésil, le système a cassé de nouveau et on a fait une nuit entière avec un seul safran. J’ai essayé de resserrer et ça a marché ce qui est étonnant parce que ce sont quand même des pièces très contraintes »
Erwan : « Charles a été incroyable, il n’a jamais arrêté d’ouvrir la caisse à outils. Il va pouvoir ouvrir un magasin de bricolage à la Trinité sur mer en rentrant ! Chapeau à lui. La course était déjà très intense, donc avec ce travail en plus, c’était très particulier. Il y avait beaucoup de bricolage, on n’arrivait pas à se mettre dans le rythme de la course. J’ai eu beaucoup de frustration de ne pas pouvoir mener le bateau à 100% comme on le fait d’habitude. Mais Charles est extraordinaire, il connait le bateau par coeur et c’est toujours un plaisir de naviguer avec lui.
Charles : « C’est vrai cette histoire de rythme. Mais c’était vraiment riche. Le fait d’avoir des pépins nous a obligé à chercher des solutions. J’ai appris plein de choses. Quand on s’est fait bousculer par SVR Lazartigue, on a réussi à performer, à trouver de nouveaux réglages. On a cherché des solutions au portant par rapport à Banque Populaire XI. Je suis ravi de l’échange qu’on a eu avec Erwan.
Après, chaque bateau a ses points forts et ses points faibles. On a été impressionné par les vitesses de Banque Populaire XI au portant dans la brise et celles de SVR Lazartigue au près. Ça se joue à pas grand chose, il faut bien mener le bateau ne pas avoir de souci. Je ne peux pas dire si avec le bateau à 100%, on aurait fini à une autre place, mais il ne faut pas chercher d’excuses. »